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Loisirs en France
8 janvier 2020

Même les animaux en bave

Passeports pour chiens et chats annulés, eau plus potable, stockage de denrées… les risques liés à un Brexit sans accord commencent à angoisser. La lettre s’est pointée cette semaine dans notre boîte à lettres. Elle émanait du vétérinaire de notre duchesse poilue, notre machine à ronrons personnelle. Le titre, en grasses lettres noires, nous a sauté aux yeux : «Importante information sur les passeports des animaux de compagnie en ce qui concerne le Brexit.» Notre cœur a palpité de panique. La bafouille d’une page nous demandait si, par hasard, nous avions prévu de partir en vacances sur le continent aux alentours du 30 mars 2019. Auquel cas, nous prévenait-elle, il serait judicieux de nous préparer à toute éventualité et notamment à celle d’une sortie de l’Union européenne sans accord. Le ministère britannique de l’Agriculture a publié une série de recommandations qui impliquent une prise de sang au moins quatre mois avant la date d’un départ vers l’UE pour vérifier que la vaccination contre la rage est à jour. Autrement dit, pour des vacances à partir du 30 mars 2019, la date limite de visite chez le vétérinaire était mercredi 28 novembre 2018. La lettre étant arrivée la veille de cette date, nous avons décidé de ne pas partir avec duchesse avant au moins l’été prochain. L’anecdote reflète bien l’atmosphère qui flotte ces derniers jours outre-Manche. Le référendum a eu lieu il y a deux ans et demi, mais, dans quatre mois exactement, la réalité sera là. Le 29 mars prochain, le Brexit sera effectif. Et, pour la première fois, les possibles impacts dans la vie quotidienne prennent un tour concret. La plupart sont envisagés dans le cas d’une sortie du Royaume-Uni sans accord avec l’Union européenne. Cette perspective n’a rien d’utopique alors que, pour le moment, la majorité des députés au Parlement britannique envisage de voter le 11 décembre contre l’accord de retrait conclu la semaine dernière à Bruxelles. Panique et stocks Le Royaume-Uni ne se prépare pas à la guerre, mais, et ce n’est pas une blague, il a commencé à accumuler des stocks de denrées, au cas où. Ian Wright, directeur de la Food and Drink Federation a ainsi prévenu que tous les entrepôts où peuvent être stockés nourritures et boissons sont d’ores et déjà loués et occupés, notamment ceux pouvant stocker des produits réfrigérés ou congelés. Le ministre à l’Environnement Michael Gove a dû assurer un comité parlementaire qu’en cas de Brexit sans accord, l’eau qui coulera des robinets britanniques continuera à être potable. La crainte de problèmes d’approvisionnement des produits chimiques utilisés pour purifier l’eau, qui sont importés du continent mais en flux tendus et ne peuvent être stockés en avance, a provoqué un début de panique. Les Brexiters les plus virulents ont accusé le gouvernement de jouer la carte de la peur sur l’opinion publique. Mais le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney n’a pas mâché ses mots. «Moins de la moitié des sociétés dans le pays ont mis en place des plans d’urgence à cas de Brexit sans accord», a-t-il déclaré. «Toutes les industries, toute l’infrastructure du pays, sont-elles prêtes à l’heure qui est ? La réponse est non.» Un comité parlementaire a également publié un rapport qui estime «réelle la perspective de problèmes majeurs» dans les ports britanniques en cas de sortie sans accord. Le «manque de préparation» du gouvernement est «très inquiétant», notait aussi le rapport. Du coup, on a appelé notre vétérinaire et pris rendez-vous pour duchesse à poils. Dans la foulée, on a appelé, pour nous, Existential Academy, qui, avec le soutien de la Société des psychothérapeutes, propose des sessions de «soutien émotionnel» pour les citoyens européens angoissés du Brexit. Et non, ce n’est toujours pas une blague.

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