Comment Venise gère les changements climatiques

La tempête de samedi a commencé vers 9 heures du matin - pluie plus un vent de sirocco d'environ 19 nœuds rencontrant une marée haute, grâce à la pleine lune. J'essayais de déterminer si les affaires que j'avais empilées sur mon lit seraient suffisamment en sécurité lorsque la pluie commencerait à tomber et que je pouvais entendre le vent fouetter les arbres à l'extérieur.

Mon propriétaire avait dit de ne pas paniquer - que le MOSE était en cours de test, et même s'il ne fonctionnait pas, nous aurions jusqu'à la marée haute de midi pour soulever les meubles - mais il ne m'est pas venu à l'esprit que la barrière protégez-nous, car je n'avais jamais entendu personne dire un bon mot à ce sujet. «Depuis des années, je défends le MOSE», m'a dit le maire Luigi Brugnaro par la suite. «Je suis l'un des rares. Et c’est pourquoi j’ai été attaqué. »

Pendant deux heures, je me suis assis avec mes affaires sur leurs surfaces surélevées, attendant l'eau. Et puis à 10h30, un ami a envoyé un texto pour dire que nous étions en sécurité. La place Saint-Marc devrait être sous l'eau, et pourtant elle était sèche - elle regardait en direct une vidéo. L'eau ne nous atteindrait jamais dans notre partie la plus élevée de la ville.

 Je me suis aventuré - à la boulangerie et au bar, pour trouver tout le monde debout avec des sourires sur leurs visages, portant des baskets où je portais encore mes bottes apocalyptiques. Personne ne le mentionnait directement - c'était presque comme s'ils avaient peur de rompre le charme. N'ayant toujours pas cru, je suis descendu à Saint-Marc pour midi - marée haute. Il y avait quelques grosses flaques d'eau bouillonnantes des égouts, et les touristes y sautaient avec enthousiasme. Ce n'est que lorsque la marée s'est retirée, cet après-midi-là, que les gens ont osé en parler. «Historique», a déclaré mon propriétaire. "Comme le premier pas de l'homme sur la lune", a déclaré un ami.

 Le MOSE n'appartient pas encore à la ville - il ne le fera pas avant sa fin en décembre 2021 (le projet comprend également l'élévation du niveau de la chaussée dans les zones les plus basses de la ville et la construction de plus grands murs anti-inondation sur les îles près des barrières). Mais le 30 septembre, il a été annoncé que le système serait déployé cet hiver si le la marée a frappé 130cm.

 Normalement, la vraie acqua alta ne commence qu'en novembre. Mais grâce au changement climatique, il est plus tôt, et cette année était plus tôt que jamais. Deux jours après la décision de l'utiliser en cas d'urgence, il devait être utilisé. Et on sait déjà que ce n’est pas une solution à long terme - dans quelques décennies, il est peu probable que MOSE soit en mesure de contenir les marées croissantes.

 Ce n’est même pas une solution complète pour le moment. Une fois que la ville prendra le relais, la barrière sera relevée à 110 cm plus bas, mais Saint-Marc crue à 90 cm. À peine 24 heures après que le MOSE a bloqué la marée, dimanche il était de retour à 106 cm. La place était immergée dans l'eau, et toutes les entreprises du côté nord inférieur étaient fermées, leur personnel pompant et balayant désespérément l'eau. Tandis que la marée reculait, je me suis assis pour boire un verre au Gran Caffé Chioggia, qui était encore ouvert, l'eau jusqu'aux chevilles. C’est doux-amer pour les entreprises là-bas, sachant que la solution existe, mais pas vraiment pour elles.

 Mais pour l'instant, sachant que l'impossible a été réalisé, la ville se sent miraculeuse. Acqua alta rend la vie plus difficile ici. S'il disparaît en grande partie, ce n'est peut-être pas trop d'espérer que les appartements vides du rez-de-chaussée dans toute la ville - des endroits qui ont été laissés pourrir car 70% des Vénitiens ont déserté la ville inondée de touristes au cours des 70 dernières années - pourrait un jour revenir à la vie.